La naissance de l’escadron de transport 3/60 « Estérel » est liée à une volonté de la France à se doter d’une force de dissuasion nucléaire. Depuis 1968, les équipages et les avions de cette unité spécifique ont sillonné tous les cieux du globe. Voyage à travers le temps.
L’année 1964 annonce l’ouverture du centre d’essais nucléaires du Pacifique. Les essais avaient lieu en Polynésie française et nécessitaient un vecteur aérien à très long rayon d’action. Pour répondre à ces nouvelles exigences, l’armée de l’air décide d’enrichir son parc aérien d’un nouvel appareil : le DC-8-55 quadriréacteur long-courrier. Il est à l’époque le seul avion à pouvoir voler douze heures sans escale. Immatriculé FRAFA, il est pris en compte, fin janvier 1966, au sein du groupe de liaisons aériennes ministérielles (GLAM).
Le FRAFA effectue alors ses premières liaisons vers le Pacifique et son premier voyage officiel : un tour du monde au profit du président de la République, le Général de Gaulle.
Le 1er mai 1968, la réorganisation du GLAM entraîne la création de l’escadron de transport 3/60 « Estérel » à vocation long-courrier. Ses bureaux sont installés sur la base aérienne 107 de Villacoublay. Son avion, le DC-8-55, est quant à lui stationné sur la plate-forme du Bourget. Sa maintenance technique est assurée par la compagnie UTA.
L’année 1994 marque un tournant dans l’histoire de l’unité. Après 25 ans sur la base de Villacoublay, l’escadron « Estérel » déménage sur la base aérienne 110 de Creil, en octobre. Depuis, des changements se succèdent. L’arrêt des essais nucléaires dans le Pacifique diversifie les missions de l’unité. Les gros porteurs de l’Estérel assurent désormais l’acheminement de nos soldats engagés sur tous les théâtres extérieurs où la France opère, les DOM et les TOM. Ainsi des lignes régulières sont ouvertes sur les Caraïbes (Pointe à Pitre, Fort de France et Cayenne), l’Afrique (Djibouti, Dakar, N’Djaména, Bangui, Libreville et Abidjan), sur la Nouvelle-Calédonie (Nouméa), sur la Polynésie (Papeete), sur l’île de La Réunion, sur l’ex-Yougoslavie (Pristina au Kosovo), au Liban (Beyrouth) et bien sûr l’Afghanistan (Kaboul) depuis 2006. A ces missions de relèves de troupes se rajoutent des missions d’accompagnement lors des voyages officiels présidentiels ou ministériels (transport de la délégation française). En sus, l’escadron Estérel maintien un équipage en alerte pour une intervention avec un préavis très court (acheminement de personnels et de fret humanitaire, évacuation sanitaire, rapatriement de civils, etc.) au gré des catastrophes climatiques, géologiques et humaines.
Le 6 juillet 2006, le général d’Armée Aérienne
Richard Wolsztynski a présidé la cérémonie d’arrivée de l’Airbus
A340 au sein de l’E.T. 03.060
Esterel. La cérémonie s’est déroulée sur
la base de Dugny-le Bourget, où étaient stationnés les avions de
l’Estérel lors de sa création en 1968. C’est le plus gros
transporteur que possède l’armée de l’air à ce jour, avec une
capacité d’emport de 275 passagers. Un deuxième Airbus A 340 est
venu compléter la capacité aérienne de transport stratégique des
Armées en janvier 2007, ce qui portera les moyens de l’Estérel à 3
Airbus A310 et 2 Airbus A 340.
L’escadron Estérel compte dans ses rangs 200 personnes : 50 pilotes,
50 MSC (Mécanicien Sécurité Cabine) et une centaine d’ASC (Aide
Sécurité Cabine). A cela se rajoute le personnel administratif
essentiel au bon fonctionnement de l’escadron.
Quelques missions spécifiques :
En 1970 : 1er voyage officiel de M. Pompidou, président de la
République française.
Mai 1979 : Transport du groupement d’intervention de la gendarmerie
nationale (GIGN)
Décembre 1979 : Mission humanitaire « hôpital sans frontières » à
Bangkok.
1982 : Missions au profit de la force multinationale au Liban.
1991 : Participation aux transports logistiques dans le cadre de
l’opération Daguet (guerre du Golfe).
1994 : Transport de sa Sainteté le Pape Jean-Paul II en visite
officielle en France.
1995-1996 : Missions en Yougoslavie et au Rwanda.
2001 : premières missions sur le théâtre afghan
dans le cadre de l’opération Héraclès puis Pamir.
2002 : Déploiement des troupes sur la Côte
d’Ivoire dans le cadre de l’opération Licorne.
2005 : Vols humanitaires
lors du Tsunami.
2006 : Rapatriement de 170 ressortissants français
au départ de Chypres suite au bombardement de la ville de Beyrouth
par les israéliens.
2010 : Intervention en Haïti suite au
tremblement de terre qui fera 300 000 morts.
Repris de l'article du Capitaine Céline Limousin (Air Actualités nº577 décembre 2004 - janvier 2005) et complété par le Capitaine Philippe Stanguennec.
Mais les besoins de la DIRCEN ne cessent de croître et les DC-8 affectés au long-courrier ne suffisent plus. L’armée de l’air achète alors un nouvel appareil à la compagnie UTA : le super DC-8-62-CF, immatriculé FRAFD. Il est livré le 26 janvier 1976.
Au début des années 80, six DC-8 font briller l’insigne de l’« Estérel ». Dès l’automne 1980, par souci d’économie, l’armée de l’air change les moteurs de ses appareils avec des réacteurs franco-américains CFM 56, nettement moins bruyants. Ils répondent ainsi aux nouvelles normes en vigueur. Grâce aux performances de ces appareils, les vols France Polynésie ne comportent plus qu’une seule escale : Los Angeles.
En 1988, la flotte de l’unité s’enrichit d’un avion court et moyen-courrier : la Caravelle SE 210 10 R en provenance du groupe de liaisons aériennes ministérielles. Cette livraison lui permet de répondre à toutes les demandes formulées par le BTMAS. La Caravelle reste quatre ans au sein de l’unité, totalisant plus de 2 500 heures de vol.
Cinq ans plus tard, deux Airbus A310-300 viennent compléter la flotte. Cet aéronef d’une nouvelle génération nécessite la création d’une cellule pilote spécifique dans les locaux de l’« Estérel ».