Ce 18 mai 1989, nous décollons de Papeete pour Los Angeles avec le Dc8 n*130 FRAFF, cabine complète de passagers regagnant la métropole. Faits inhabituels ce jour là, le décollage a lieu de jour, en matinée et face au sud. Aux commandes de l’appareil, Didier F….. dit Zilibili.
Nombreux sont ceux qui
assistent au décollage du haut du balcon de l’aéroport de Faaa, et
parmi ces spectateurs Tony…, ancien pilier de l’escadron ET03/060
Estérel actuellement en séjour de deux ans à l’ETOM.
Ce départ
face au sud nous permettra, avec l’accord du contrôle aérien,
d’effectuer un survol de Moorea, laissant un petit pincement au cœur
supplémentaire à nos passagers en partance de cet endroit idyllique.
La prise de vitesse de l’avion se déroule normalement ainsi que le
décollage, le CDB demande la rentrée du train d’atterrissage qui
dans un premier temps se passe bien, notre mécanicien navigant
remarque cependant un battement de l’aiguille de pression
hydraulique, sans qu’aucune conséquence immédiate ne soit décelée,
toute la signalétique de rentrée du train est normale.
Alors que l’avion est en trajectoire de montée, la tour de contrôle nous demande si au cours du décollage, nous avons remarqué des débris sur la piste. Un des spectateurs, en l’occurrence Tony, a décèle depuis le balcon une tâche noire sur la piste. Le chauffeur d’un véhicule de piste dépêché sur place rapporte alors des morceaux de pneu.
Dans l’avion, une rapide concertation de l’équipage a
lieu au cours de laquelle le mécanicien navigant rappelle l’incident
de la pression hydraulique. Le statut quo est total et nous nous
demandons rapidement ce qui aurait bien pu se passer, apparemment il
n’y a pas de liaison entre la perte d’une bande de roulement d’un
pneu et une baisse de pression hydraulique. Nous envisageons donc de
faire une sortie de train d’atterrissage, qui de toute façon devra
être faite à destination. La tour informée de notre décision
nous signale qu’un Falcon Guardian de la Marine est en retour de
mission et se tient prêt à se mettre en formation pour assister à la
sortie du train d’atterrissage. Nous autorisons cette manœuvre après
en avoir simplement informé les passagers, ce sera un souvenir
de plus pour eux.
À la sortie du train, l’équipage du Falcon voit comme un gros
nuage opaque sortir de dessous l’aile droite de notre avion. À bord
le mécanicien navigant constate une baisse conséquente de la
pression hydraulique, significative d’une perte de ce précieux
liquide. Au tableau de bord, les témoins lumineux de verrouillage du
train indiquent que le train droit n’est pas verrouillé en position
basse. Une inspection visuelle de l’extrados de l’aile ou un témoin
mécanique fait saillie indique cependant que le train est bien en
position. Ceci nous laisse malgré tout un léger doute.
Le Falcon
de la Marine se rapprochant nous signale des dégâts apparents en
dessous de l’aile, sans pouvoir les préciser.
Décision est prise par notre CDB de ne pas poursuivre le vol
vers la destination initiale et d’atterrir à FAAA. Pour se faire,
nous devons vidanger une partie des réservoirs pour que la masse à
l’atterrissage soit dans les limites structurelles de résistance de
l’avion données par le constructeur McDonnell-Douglas.
Une fois
cette opération terminée, nous demandons l’autorisation de retour,
l’aéroport ayant été fermé à toute circulation aérienne, une fois le
Guardian de la Marine posé.
L’équipage se prépare à un atterrissage de précaution,
n’étant pas certain que le train droit soit bien verrouillé en
position basse. Le CDB en plus nous confirme qu’une fois posé
il n’utilisera pas les freins pour décélérer ne sachant pas si
ce dispositif fonctionne normalement sur le train droit. La
perte de liquide hydraulique est sans doute causée par une
rupture de conduites desservant l’ensemble des dispositifs de cette
zone de l’avion.
L’atterrissage s’est effectué normalement et l’avion
s’immobilise aux trois quarts de la longueur de piste, accompagné
par les véhicules de sécurité de l’aéroport.
Les passagers sont
débarqués normalement.
Les mécaniciens de l’aéroport constatent
les ruptures de toutes les canalisations hydrauliques le long de la
jambe de train ainsi que des déformations et des trous dans le volet
de courbure de l’aile droite.
La réparation sera effectuée en
moins de 48h et après un vol d’essai, le FRAFF est déclaré bon pour
le vol retour vers la métropole.