Ce samedi 26 octobre 2013 Jean Pointereau s’en est allé. Après des années de souffrance, il nous a quittés, laissant son épouse, Renée, et ses amis dans la peine.
Notre rencontre avec Jean remonte pour ce qui nous concerne, les « anciens » de l’Esterel membres des cinq premiers équipages, à l’arrivée des DC8 dans l’Armée de l’Air, et plus spécifiquement au GLAM.
En 1965, un premier DC8, le FRAFA, est affecté à
cette unité à l’instigation de son commandant d’alors qui d’ailleurs
la quittera très rapidement. Les équipages sont formés par les
cadres de l’U.T.A., compagnie française qui exploite sur ses lignes
ce type d’appareil, au cours d’un stage au sol de 3 mois pour tous,
un stage en vol d’une quinzaine d’heures pour les pilotes et les
mécaniciens. Les navigateurs, quant à eux, effectuent à Istres sur
KC135 un stage de formation adapté aux quadriréacteurs.
Le 16 mars 1966, le FRAFA s’envole pour sa
première mission vers Hao, sous l’autorité de son commandant de bord
Jean Pointereau qui inaugure ainsi alors
la
« ligne la plus longue du monde » (
Sur place, il nous faut négocier avec les
autorités locales qui, ayant leurs propres problèmes à résoudre,
sont tentées de nous
loger, après une nuit passée en vol, à
proximité des zones de travaux peu propices à une bonne récupération
de la fatigue accumulée.
Les vols passant, les équipages acquièrent une
expérience sérieuse ; leur compétence s’améliore de mission en
mission. Les autorités s’attachent à ne pas nous laisser trop
somnoler.
Ainsi, dès avril 1966, nous aurons à exécuter un
tour du monde qui conduira le Général de Gaulle à assister à un tir
à Mururoa et à prononcer à Phnom Penh un discours mémorable.
Au
printemps de 1967, on nous annonce qu’il
nous faudra ramener en France le Président de
La présence de la cellule DC8 au sein du GLAM
ne constitue plus alors aux yeux des
autorités une solution satisfaisante et il est décidé de créer une
unité particulière, l’E.T.3/60 ESTEREL.
Jean en devient le Chef des opérations, poste
qu’il occupera avec compétence jusqu’à son départ en congé du
personnel navigant en 1973. En 1971, il est promu au grade de
Commandant ; il sera nommé Lieutenant-colonel en 1976 et admis à la
retraite en1978.
Sa carrière de pilote, résultant d’une vocation
bien ancrée, se termine avec 10.211 heures de vol,
effectuées
sur 35 types d’appareils pilotés, allant du planeur au
quadriréacteur. Elle comprend même un vol en passager sur Concorde.
En 1974, il entre à Air France comme Ingénieur
principal, chef de la subdivision entraîneurs au vol et
radiotéléphonie, poste qu’il occupera jusqu’en 1981. Il interrompt
alors ses activités professionnelles et il rejoint avec son épouse
sa « maison » de Meung sur Loire où il entame une retraite bien
méritée.
Malheureusement, notre ami, qui au fil des ans,
avait inconsciemment accumulé une certaine fatigue au cours d’une
activité aérienne soutenue, et notamment des longues nuits passées
en vol, voit alors sa santé décliner. Devant cette situation
nouvelle et perturbatrice pour lui, il entame une longue période de
découragement, dont il ne sortira pratiquement plus.