Destiné au Groupe de
Liaisons aériennes ministérielles (GLAM) en complément des Douglas
DC-6B, le premier Douglas DC6B est acquis, pour le compte de l’armée
de l’Air, par la compagnie UTA auprès des USA par le marché 65.70112
du 20 mars 1965. Ce DC- 8-55F c/n 45820 et provisoirement
immatriculé F-BLKX pour les besoins du convoyage arrive au Bourget
le 31 décembre 1965. Immatriculé F-RAFA (ancien code affecté au DC-4
c/n 49148) dès le 1er janvier 1966, l’appareil est pris en compte
par l’armée de l’Air le 30 janvier et affecté à l’escadron 01/060 du
GLAM, c’est ce qui provoquera la confusion qui subsiste encore de
nos jours en parlant des DC-8 du GLAM, car seul le F-RAFA a été
utilisé par le GLAM.
En ce début d’année 1966, outre le DC-8, le GLAM se dote de nouveaux
matériels comme le Mystère 20 et le Cessna 411. Dès le mois de mars
1966, le F-RAFA effectue sa première liaison vers le Pacifique, puis
un tour du monde présidentiel avec le général de Gaulle en août de
la même année.
En deux ans, cet appareil effectue 7 000 heures de vol confirmant
ainsi le besoin pour l’armée de l’Air de posséder son propre avion.
L’accident du DC-6B c/n 43748 F-RAFB survenu le 9 mars 1968 à la
Réunion entraîne une réorganisation du GLAM et la création, le 1er
mai 1968, d’un nouvel escadron de transport à longue distance : l’ET
03/060 Estérel.
Cette création d’escadron, qui, doté d’un seul appareil est pour le
moins inhabituel dans l’organisation de l’armée de l’Air, amène
l’anecdote suivante :
« Lorsque le général Gazzano avait proposé au général Prayer, alors
major général, la création d’un escadron pour le seul DC-8 existant,
le général Prayer avait d’abord cru à une plaisanterie. Il n’accepta
finalement que quand on lui eût démontré que cet escadron à un seul
avion comprendrait plus de navigants qu’un escadron de chasse… »
C’est en mai 1968 et tout naturellement sur la base aérienne 107 de
Villacoublay que s’installe le nouvel escadron, le commandant
Cazaméa s’en voyant confier le premier commandement. L’avion et les
moyens techniques sont, quant à eux, stationnés sur la plate-forme
du Bourget où les services de l’UTA assurent la mise en œuvre
conformément aux contrats passés avec la DIRCEN (Direction des
centres d’expérimentations nucléaires) et l’armée de l’Air.
La longueur de la piste de Villacoublay étant incompatible avec la
distance nécessaire au décollage du DC-8 en pleine charge impose
également l’implantation au Bourget.
Dès sa création, quatre types de missions sont dévolues à l’escadron
Estérel. Tout d’abord, la principale reste la liaison France –
Polynésie pour le compte de la DIRCEN. Viennent ensuite les missions
au profit des Armées – coordonnées par le Bureau des transports
maritimes aériens et de surface (BTMAS) – avec les transports de
fret ou de militaires et de leurs familles vers les différentes
régions du monde où la France est présente. Conjointement avec
d’autres appareils du COTAM, certaines opérations à caractère
militaire entrent également dans ce cadre d’application,
c’est-à-dire qu’elles comportent une ou plusieurs des trois types de
missions suivantes : aérotransport de troupes, opérations
aéroportées, ravitaillement par air d’unités engagées.
La troisième mission est liée au transport à longue distance des
hauts responsables du pays (président de la République, Premier
ministre, ministre des Armées). Quant à la quatrième mission, elle
est composée de vols d’entraînement, mais aussi de déplacements à
caractère humanitaire (rapatriement de blessés, assistance aux
populations locales lors de catastrophes…).
Pour accomplir toutes ces missions, l’unité dispose initialement de
100 personnes dont environ 25 pilotes,
12 radio-navigateurs, 12 mécaniciens, 22 stewards, le reste étant
constitué par le personnel du sol.
Les liaisons avec l’Afrique Noire n’ayant jamais cessé, le F-RAFA
effectuant, quant à lui, principalement les vols long-courriers vers
le Pacifique et les vols présidentiels, les autres missions doivent
être assurées par les DC-6B. Il apparaît très rapidement un besoin
supplémentaire en avions modernes et rapides pour mener à bien
toutes les missions attribuées à l’Estérel. Conscients de ce besoin,
l’état-major de l’armée de l’Air et la DIRCEN décident d’acquérir
sans tarder un second DC-8.
Le DC-8-55F c/n45820 F-RAFA photographié le 28 mai
1978 sur les parkings d'UTA à Roissy. (photo de l’auteur)